Comment s'en sortir après avoir été attaqué(e) par la police ou d'autres assaillants

Une version simplifiée et moins liée aux lois du Royaume-Uni est disponible ici.

Les cas de violence grave de la part de la police et d'autres sont plutôt rares aujourd'hui, et nous ne devons pas nous effrayer à outrance en ressassant les pires cas. Cependant, ils surviennent aussi, et c'est pourquoi nous devons nous y préparer. Si nous arrivons à bien les gérer, nous nous rendrons plus forts, nous et les gens qui nous entourent. Mais si une personne est isolée et non soutenue, elle risque de ne plus jamais se sentir assez en sécurité pour reprendre part à une quelconque action.

Nous nous occupons de l'assistance légale et logistique lors d'une attaque de la police ou d'un opposant, et ce avec cinq objectifs à long terme :

  1. aider à minimiser le traumatisme
  2. poursuites criminelles
  3. Procédures civiles
  4. si possible, utiliser l'incident pour défendre plus avant la cause
  5. éviter d'éventuelles attaques ultérieures

Il vous serait également utile de suivre un cours de secourisme, car nous ne nous occuperons pas des aspects médicaux dans ce briefing. Si vous vous rendez à l'étranger pour une action, occupez-vous d'obtenir une assurance médicale ou une carte d'assurance européenne (auparavant E111), sinon vous risquez d'avoir à débourser ÉNORMÉMENT d'argent. Le Syndrome de Stress Post-Traumatique (SSPT) est également à prendre en grande considération après des incidents violents, cf. ailleurs sur ce site ou www.blackcrosscollective.org. Si vous avez des besoins médicaux spécifiques, portez un bracelet. Veuillez également vous référer à www.actionmedics.org.uk pour obtenir des infos sur l'aide d'urgence et vous préparer à une absence éventuelle de structures médicales d'urgence.

Sur place

Les premières secondes sont cruciales, mais souvent chaotiques et stressantes, d'où l'intérêt de les préparer en amont. Le rassemblement des témoignages pour les procédures civile comme criminelle doit commencer immédiatement, sans toutefois interférer avec l'aide d'urgence si celle-ci est nécessaire.

  • Obtenez les coordonnées des témoins de l'agression.
  • Les photographies et les enregistrements vidéo sont vitaux, non seulement de l'incident, mais également de la journée entière.
  • Autant de matricules de police que possible (si les policiers ne les portent pas, notez leurs descriptions et leurs grades)
  • Noms des équipes d'ambulances et des autres services d'urgences
  • Les "témoins impartiaux" sont essentiels, car les témoignages de camarades activistes risquent d'être ignorés
  • Numéros de plaques d'immatriculation
  • Notez l'heure, et si possible prenez ou trouvez une photo avec une horloge ou une montre indiquant l'heure.
  • Émettez immédiatement un appel à témoin et à photos, encouragez les gens à écrire des témoignages aussi vite que possible.
  • Quelqu'un, de préférence qui connaît la personne ou qui a fourni l'aide d'urgence, doit si possible monter avec elle dans l'ambulance. Si c'est impossible, suivez l'ambulance ou déterminez l'hôpital auquel la victime est emmenée.
  • Rappelez-vous, le fait l'aller à l'hôpital permet parfois à la police de vous retrouver facilement plus tard...
  • La police restera peut-être avec la victime, elle pourra même l'arrêter, ou bien se retirer. La police pourra tenter d'accuser la victime d'une offense grave afin d'aller perquisitionner chez elle, quelqu'un doit donc se rendre à son domicile si possible.

Quelques conseils pour une action immédiate à l'hôpital

  • Autant que possible, demandez à la victime ce qu'elle veut, et mettez ses besoins et ses souhaits au premier plan. Être à l'hôpital est souvent une expérience fragilisante, n'oubliez pas que vous êtes là pour protéger la victime.

  • Allez à la réception et parlez avec la personne à l'accueil, afin qu'elle puisse noter la manière dont la blessure a été infligée, les éventuelles allergies, et les coordonnées de la famille. Si vous savez que le patient suit un régime particulier (y compris végétarien, etc.), mentionnez-le si nécessaire.

  • Tous les professionnels de santé sont tenus au secret professionnel, mais certains peuvent entretenir une relation étroite avec la police. Ne soyez pas offensé(e) s'ils ne vous donnent pas beaucoup d'informations, car ils n'ont pas le droit de le faire, à moins que vous soyez proche de la victime (par exemple un parent) et que votre opinion puisse alors aider à prendre une décision clinique au nom de la victime.

  • Mentionnez bien qu'il s'est agi d'une agression, et que des procédures légales pourront suivre. Tous les services d'urgence ont un appareil photo polaroid, demandez-leur de prendre des photos de la victime comme preuve. Si le personnel est trop occupé, faites-le vous-même. Même avec un appareil photo jetable, si nécessaire. Les images polaroid ont tendance à passer avec le temps, l'utilisation d'une pellicule conventionnelle est donc toujours une bonne idée.

  • Faites tout votre possible pour empêcher les tentatives de la police d'interroger la victime. La police interroge souvent les gens alors qu'ils sont sous l'influence de médicaments, dont beaucoup peuvent diminuer la capacité à prendre des décisions. N'hésitez pas à vous plaindre et à informer le personnel que leur patient(e) est bien la victime de l'attaque. Le personnel médical doit respecter la confidentialité de vos informations (la violation du secret professionnel est punie par la loi). La police pourra essayer de tromper les médecins et les infirmières et de jeter un œil sur des papiers posés négligemment par le personnel d'une unité débordée.

  • Appelez un(e) avocat(e) de confiance aussi vite que possible et racontez-lui tout. De même, dès que possible, contactez un avocat spécialisé dans la poursuite de la police et des grandes institutions, comme par exemple (en Grande-Bretagne) Irwin Mitchell.

  • Prêtez votre appui à tout parent de la victime, et soyez sensible au fait qu'il ou elle ne sera pas forcément sympathique avec les activistes, voire ne saura pas que la personne aimée est elle-même une activiste. On voit parfois des parents très en colère et très agressifs, qui condamnent les autres activistes, en particulier si la victime est jeune. Laissez-leur de la place et proposez-leur votre aide.

  • Et ne jugez pas !

Étapes suivantes, en général

Rapportez dans les formes l'incident à la police si un avocat de confiance vous le conseille, et si la victime de l'agression est d'accord.

Informez tout média potentiellement intéressé, par exemple www.indymedia.org, si la victime le souhaite et si vous le jugez nécessaire.

Toutes les preuves, notes, images et vidéos comprises, doivent être emmenées dans des endroits sûrs. Il est déjà arrivé que, lors d'un assaut d'envergure, TOUTES les personnes présentes aient reçu la visite de la police, qui a fouillé leurs domiciles et détruit la plupart des preuves.

Hôpital

Organisez les visites à la victime, afin qu'elle ne soit ni submergée ni laissée seule. Respectez les horaires de visite et les autres limitations, elles ne sont pas là pour vous contrarier mais pour empêcher les infections, les dérangements et les encombrements.

Encouragez les gens à envoyer des cartes, de la bonne nourriture, de l'aide financière, des ustensiles de toilette, des livres, de la musique et des messages de soutien à l'hôpital, pour remonter le moral de la victime et réduire son sentiment d'isolement, que l'agression a pu éventuellement entraîner.

Il peut être utile de mettre en place une adresse email spécifique pour les messages de soutien, et une liste de diffusion afin que les gens puissent être mis au courant.

En cas d'interrogatoire de la police

La police cherchera à interroger la victime aussi vite que possible. Même si l'interrogatoire ressemblera de premier abord à un dépôt de témoignage contre l'assaillant, la police utilisera cette opportunité pour rassembler des informations sur l'action, l'activiste ou ses collègues. La personne interrogée est peut-être faible, sous l'emprise de médicaments qui l'affaiblissent (comme la morphine), et en général elle n'est pas sur ses gardes et veut surtout aider à poursuivre l'agresseur. Les règles sont les mêmes qu'au poste de police, bien qu'en cas d'un assaut grave, une déclaration doive être faite à la police si le but est d'arrêter et de poursuivre l'auteur de la violence. L'interrogatoire à l'hôpital ne doit pas être pris à la légère. Un avocat DOIT être présent et suffisamment informé, et le personnel hospitalier doit aussi être informé avant tout dialogue avec la police. Les personnes de soutien peuvent être ici d'une grande aide, car le personnel médical n'ose parfois pas s'opposer à la police, en particulier si celle-ci ment. La personne interrogée doit répondre aux questions concernant l'agression si elle souhaite voir l'agresseur poursuivi en justice. Cependant, toute question concernant d'autres actions et d'autres personnes doit être considérée avec une extrême précaution, et on doit recourir au droit au silence.

La maison c'est important !

Les affaires domestiques ne doivent pas être oubliées (surtout si la victime vit seule), y compris s'occuper des enfants, des animaux domestiques, des plantes, des factures, etc.

Si la personne a des responsabilités militantes, elles doivent être prises en charge par d'autres. Les questions liées au travail doivent aussi être prises en considération, mais concertez-vous d'abord avec la victime avant de prendre une quelconque décision.

Les amendes et les poursuites judiciaires ne disparaissent pas lorsque la personne est à l'hôpital. Quelqu'un doit contacter le tribunal et l'informer de l'attaque, de préférence un avocat, afin de s'occuper pour la victime des problèmes d'huissiers, de convocations au tribunal et autres.

Rentrer à la maison

Ne vous imaginez pas que quelqu'un se sera occupé de tout, la violence aura aussi affecté les amis et la famille, qui seront peut-être eux-mêmes éreintés, voire traumatisés, étant peut-être en plus confrontés aux tracasseries policières. Tout doit être fait pour faciliter la transition entre l'hôpital et la maison, afin que la victime puisse récupérer rapidement. La personne blessée sera peut-être incapable d'effectuer toute seule certaines tâches courantes, comme se laver, cuisiner, faire les courses, aller aux toilettes, et autres.

Une liste détaillant qui sera présent pour aider, et quand, rendra les choses plus claires pour tout le monde. Parfois, les gens souffrent en silence sans demander d'aide, car la transition entre la pleine possession de ses moyens et la dépendance plus ou moins grande n'est pas évidente. La phase de récupération à la maison peut être très pénible, car la personne peut prendre conscience de plusieurs années de souffrance à venir, voire pour toute la vie. La tâche peut également être très difficile pour les gens apportant leur aide, il faut donc partager le travail. Si la victime a un(e) partenaire ou une personne assurant le soutien principal, celle-ci aura aussi besoin de pauses, de plaisirs et d'agréables surprises. Offrez votre aide afin d'éviter l'apparition de problèmes graves comme l'épuisement, le syndrome de stress post-traumatique et la dépression, qui surviennent souvent lorsque le traumatisme physique diminue et que la "normalité" revient, avec son cortège de factures, de procédures judiciaires et autres facteurs de stress, qui poursuivent la victime longtemps après l'événement. La récupération n'est pas un processus simple, et si la personne va bien une journée, cela ne signifie pas qu'elle est définitivement guérie...

Si la personne blessée est en garde à vue

Il s'agit d'une situation potentiellement dangereuse. Trop de personnes sont mortes en garde à vue, il vous faut chercher de l'aide immédiatement afin de faire transporter la personne à l'hôpital. Cherchez tout de suite une aide légale. S'il y a lieu, rendez-vous au commissariat et informez les policiers que votre collègue est gravement blessé(e), que vous savez qu'il ou elle se trouve là, que son avocat le sait également, ainsi que d'autres activistes ; pour votre propre sécurité, assurez-vous que d'autres gens savent où vous vous trouvez. Essayez de parler au policier responsable de la garde à vue, et informez-le de tout problème médical s'il le faut. Si tout ceci ne mène à rien, appelez le 112 (ou le numéro d'urgence local) et demandez une ambulance pour le commissariat, en donnant des explications détaillées sur les blessures ou la maladie, et en mentionnant le fait que la police ne traite pas de manière sérieuse une situation où la vie de la victime est en danger. Maintenez la pression, et prenez régulièrement des notes, y compris des matricules de police, des horaires, etc.

Être victime d'un crime et témoin des poursuites.

Bien trop souvent, la victime est laissée à elle-même et doit se battre seule lors des poursuites légales, ce qui peut être très démoralisant, et c'est bien ce que recherchent les autorités, car les gens laissent souvent tomber. Ces affaires sont à la fois politiques et personnelles, et le travail doit être partagé, car nous profitons tous d'un procès gagné.

La police tentera de se sortir des situations légales gênantes. Cependant, les preuves sont parfois tellement claires que les policiers doivent être poursuivis et comparaître devant un tribunal. Des policiers doivent alors arrêter et accuser leurs collègues ou amis. Ils devront peut-être effectuer une descente au domicile d'un(e) fonctionnaire de police, mettre celui-ci/celle-ci en garde à vue et préparer un procédure pour l'envoyer en prison, où il/elle n'aura pas la vie facile, le (la) fonctionnaire perdant son travail et son revenu. Ceci sera le résultat des accusations pressantes d'un manifestant, et la police sera rappelée à sa soumission devant la loi, les policiers ne sont pas intouchables, ils peuvent eux aussi être punis, et ils n'aiment pas ça du tout. Ils tenteront bien sûr discrètement de discréditer et de faire céder la victime et les témoins, tout en poursuivant l'auteur, vous devez donc être très attentifs aux accusations fabriquées, aux arrestations qui se multiplient, aux descentes, etc.Des années peuvent passer avant le procès, vous devez donc prendre des notes détaillées de l'incident dès que possible : les mémoires s'estompent très vite, et le visionnage de vidéos ou les discussions avec les autres peuvent fausser la reconstitution des événements.

La police sera peut-être à vos côtés, ou elle prétendra l'être afin de gagner votre confiance avant de la trahir. Faites attention, et ne leur donnez JAMAIS une quelconque preuve dont vous n'aurez pas gardé une copie, car ces preuves auront toutes les chances de disparaître. Si possible, ne fournissez que des copies des preuves et pas les originaux.

Au tribunal

En tant que victime ou que témoin, on exige uniquement de vous que vous vous présentiez au tribunal et répondiez aux questions des avocats de l'accusation et de la défense. Il n'est pas forcément conseillé d'assister aux audiences de préparation au procès, car cela pourrait être considéré comme une tentative de harcèlement de la défense ; demandez conseil à votre avocat(e). Quelqu'un d'autre (bien habillé(e) et inconnu(e) des autorités) pourra éventuellement assister aux séances et prendre des notes, en prétendant être un(e) étudiant(e) en droit si nécessaire.

La défense de la police tentera de discréditer la victime et/ou le(s) groupe(s) relié(s). Pour cette raison, les manifestations à l'extérieur du tribunal et en d'autres endroits risquent d'être utilisées par la défense - encore unes fois, parlez avec l'avocat et avec la victime (et rappelez-vous qu'ils (elles) peuvent dire des choses contradictoires). Si l'État entreprend des poursuites contre l'auteur de l'acte de violence, il peut être judicieux de ne rien entreprendre qui puisse être considéré comme une tentative d'intimidation de la défense. Organiser une action lorsque l'État refuse d'agir est une autre chose, et se rapproche des manifestations organisées contre la cible originale.

Prenez note de tout, y compris des éventuelles dépenses, et gardez les reçus. Quelle que soit l'issue du procès, vous pourrez réclamer le remboursement des frais (raisonnables) de voyage, de restauration et d'hôtel.

Victim Support est une organisation caritative britannique qui aide les victimes de crimes, leurs familles et les témoins en leur proposant une activité de conseil. La police doit leur transmettre toutes les affaires, en particulier lorsqu'elles sont sérieuses, mais vous pouvez également les contacter vous-même. Ils peuvent rendre visite aux victimes à la maison, ils donnent des conseils et disposent d'un bureau dans chaque tribunal. Vous pouvez les contacter au 0845 3030900 (ceci ne vaut bien sûr que pour le Royaume-Uni).

Évitez autant que possible les arrestations, car elles peuvent donner des arguments supplémentaires à la défense. Tout avertissement ou condamnation de la victime ou des témoins sera indiqué(e) au jury, essayez donc de ne pas en rajouter à votre collection avant le procès. Il sera probablement difficile d'éviter une arrestation, vu que la police essaiera de vous affaiblir. L'accusé(e), en particulier s'il s'agit d'un(e) fonctionnaire de police, n'aura probablement aucune condamnation à son passif, et la défense (qui sera comme par hasard la meilleure possible) fera tout son possible pour vous présenter comme un(e) criminel(le) et un(e) terroriste. Même si vous n'avez pas de casier judiciaire, la défense essaiera de vous associer à une activité extrémiste. Et le jury ne sera pas très conciliant avec quelqu'un qu'il ressent comme violent ou associé à des actes violents.

Les témoins qui ne sont pas des activistes (par exemple un passant) ne doivent pas être contactés directement, car cela pourrait être utilisé par la défense comme une tentative de corruption. Il est naturel de vouloir discuter entre nous de l'affaire, mais faites attention, vous pourriez être accusé(e) de vous rassembler pour monter de fausses accusations. Certains avocats recommandent que les témoins et les victimes ne parlent de l'affaire à PERSONNE, tenez-en compte. TOUT témoin indépendant est de la plus grande importance, car il (elle) ne peut être accusé(e) d'aucun lien avec la victime et témoigne sur la foi des convenances sociales. Le témoin n'est pas à l'abri du harcèlement policier et risque de subir une forme quelconque de persécution avant le procès ; ne soyez donc pas trop surpris(e) s'il hésite dans son témoignage. Des notes doivent être prises tout au long du procès pour les procédures civiles (l'avocat pourra toujours contacter le témoin après le procès si nécessaire).

Procédures civiles

Dans tout cas de violence, un objectif à long terme doit être poursuivi. Ceci ne peut être effectué qu'une fois l'affaire criminelle réglée, mais le procès pouvant avoir lieu des années plus tard, le travail de base doit commencer dans les secondes qui suivent l'agression. La procédure sera peut-être un échec, mais afin d'encourager les autres et être équitablement indemnisé(e) pour les blessures et les pertes financières, il est impératif de répondre à l'agression.

Même si l'accusé est acquitté, la charge de la preuve est moindre dans une affaire civile. Poursuivez-les, lancez des procédures immédiatement si possible.

Il est possible de perdre une affaire pénale mais de gagner quand même l'affaire civile. Bien que cela soit dur et fatiguant, montrer une opposition déterminée peut sauver d'autres activistes d'un sort semblable. Pensez bien que le soutien aux individus traînés en justice s'inscrit dans une action politique plus large. Vous pouvez poursuivre les fonctionnaires de police ou les employés individuellement s'il est impossible de poursuivre l'institution policière, selon les circonstances, par exemple si vous avez été frappé(e) par un employé d'un service de sécurité. Demandez conseil à des avocats de confiance et expérimentés.

Toute information glanée lors de l'affaire criminelle doit être transmise aux avocats qui vous assisteront.

Au Royaume-Uni, la Criminal Injuries Compensation Authority peut indemniser les activistes victimes d'un crime, il vaut donc toujours mieux intenter des poursuites (en France, il faut s'adresser à la Commission d'indemnisation des victimes d'infractions). Cependant, ces institutions ont tendance à ne pas vraiment apprécier les gens avec un casier judiciaire, en particulier pour des faits commis après l'attaque initiale - raison de plus pour faire bien attention à ne pas se faire arrêter. Dans certains cas, ils considéreront que quelqu'un est trop vilain pour mériter une quelconque indemnisation.

Quiconque aide la victime d'une manière ou d'une autre, que ce soit financièrement, en la conduisant aux rendez-vous à l'hôpital, en faisant la cuisine, en la surveillant, en allant chercher les médicaments, en l'écoutant lorsqu'elle déprime, etc., doit garder trace de TOUTES les dépenses depuis la minute où l'agression a eu lieu. Le moindre litre d'essence, la moindre minute de présence, le moindre centime dépensé doivent être enregistrés et les reçus gardés puis envoyés à l'avocat(e) en charge de l'affaire. Ceci peut durer plusieurs années, et la somme finale peut atteindre des dizaines de milliers d'euros pour les affaires graves, la somme pouvant alors être réclamée en tant que frais.

La victime doit essayer de tenir un journal consignant ses expériences, y compris la douleur, les crises de panique, les passages dépressifs, l'incontinence, etc., ainsi que les coûts financiers, les prescriptions, les déplacements aux séances de physiothérapie, les consultations chez d'autres praticiens (homéopathes), les taxis, etc. Un journal donne également au tribunal une indication de l'ampleur et de la durée des souffrances endurées par la victime d'une agression grave. Lors d'une descente, la police s'emparera avec joie d'un tel document, gardez-le donc dans un lieu sûr, tout en sachant que le tribunal pourra vous demander l'original ou une copie du document. Une blessure peut entraîner des douleurs pour le reste de votre vie, une maladie mentale (en particulier le Syndrome de Stress Post-Traumatique) ; la dépression, l'anxiété et toute une série de dépendances sont des suites classiques pour les victimes d'un traumatisme, et elles peuvent s'installer pour la vie, touchant tous les aspects de l'existence. Toutes ces choses seront estimées par les avocats des deux parties et seront prises en compte dans la décision finale ; ne laissez donc rien de côté, car une fois la décision finale entérinée, il n'y aura pas de seconde chance, et si la victime ne peut pas travailler pendant 10 ans à causes de crises de panique, aucun dédommagement ne pourra plus être réclamé. Un médecin de la discipline appropriée devra examiner la victime pour le tribunal, afin de déterminer dans quelle proportion sa vie est affectée par l'agression, et si les dommages sont permanents ou risquent d'écourter la vie de la victime. Parfois, plusieurs examens sont nécessaires, par exemple avec un neurologue et avec un psychiatre. Les avocats peuvent être vicieux et tenter de discréditer la partie plaignante ; il est déjà arrivé qu'un homme grièvement blessé soit filmé à son insu par des détectives privés.

Retourner au travail, qu'il soit payé ou volontaire, est important pour l'estime de soi (et pour les finances le cas échéant), mais y retourner trop tôt risque non seulement de retarder la totale rémission, mais sera également perçu comme un signe que la personne ne souffre plus. Plus la personne semble récupérer vite de l'agression, moins l'indemnisation sera jugée justifiée.

Les affaires judiciaires coûtent très cher. En fonction de l'affaire, la défense pourra proposer un arrangement pour éviter de porter l'affaire devant une instance supérieure. S'il n'y a pas d'accord concernant la responsabilité, il y aura un procès devant un tribunal civil, et un jury décidera. S'il n'y a pas d'accord concernant la hauteur du dédommagement, un juge décidera. Si vous gagnez, vous recevrez de l'argent en compensation des blessures, des dommages psychiques, des pertes de revenus et de tout autre impact financier à venir, si par exemple il devient trop douloureux pour vous de travailler autant qu'auparavant. L'argent sert également à couvrir les dépenses entraînées par vos blessures, y compris les soutiens que vous avez reçus - n'oubliez pas les gens et les actions qui vous ont aidé(e) ! Cependant, gardez en tête que vous ne recevrez jamais plus d'autre indemnisation dans cette affaire, et que dans la perspective d'une vie entière, ces indemnisations ne dédommageront jamais complètement les blessures graves. Cherchez un conseil financier et faites attention, des multinationales (qui ne devaient avoir rien d'autre à faire) ont déjà tenté de poursuivre des activistes indemnisés, pour compensation et/ou frais divers. À ce jour, aucune d'entre elles n'ont réussi, bien que cela puisse devenir un problème dans le futur. Ceux touchant l'aide sociale devraient demander un conseil légal indépendant avant de déclarer quoi que ce soit à leur caisse d'allocation, à leur employeur, etc.

De nombreux activistes gravement blessés, malgré des situations à leur avantage, n'ont pas gagné leur procès et n'ont pas reçu un centime. Dans certains cas, l'aide légale pour le procès a été refusée. Cela signifie des grosses difficultés financières, qui s'ajoutent à l'injustice et à la douleur. Certaines personnes n'ont pas été capables de retourner travailler, et les conséquences ont pu aller jusqu'au divorce. Il faut que la communauté des activistes soutienne ces personnes encore plus que les autres.

Les médias

Nous sommes tous conscients des mensonges et des distorsions dont la presse est capable. D'un autre côté, la presse peut être de notre côté et faire la lumière sur la situation de l'activiste agressé(e), le ou la soutenir en rendant l'affaire publique, ce qui peut aider à gagner la partie, embarrasser le ou les agresseur(s) et contrer les allégations rendant les activistes responsables des violences. Les articles critiques peuvent dissuader les agresseurs la prochaine fois. Il est également possible que l'agresseur soit écarté de sa propre communauté, entraînant des divisions et dissuadant d'autres de suivre son chemin. Parfois, la police a mauvaise presse, et ceci peut entraîner la colère de ses propres seniors, s'ils pensent mériter mieux que cela ; au final, ceci protège le public, car cette réaction dissuade les policiers de se livrer aux pires excès, pour sauvegarder la réputation de leur maison. La publication de l'arrestation est assurément une bonne chose. Elle risque certes de décourager certains activistes à l'action directe, mais au bout du compte, il vaut toujours mieux porter l'incident à la connaissance du public.

Les articles du premier jour après l'incident donnent souvent le ton de l'affaire. La police aura probablement déjà un porte-parole prêt à donner sa version des événements, et si vous comptez traiter avec les médias, il vaut mieux le faire dès le premier jour. Préparez vos déclarations, ayez des communiqués à disposition et préparez vos réponses aux questions difficiles. Si vous avez des photos spectaculaires, il peut être judicieux de les donner ou de les vendre aux médias - demandez conseil à un avocat -, et pensez à effacer soigneusement le visage de toute personne ne souhaitant pas apparaître sur les photos.

La décision de rendre publique ou non l'agression revient à la personne agressée, et cette décision ne peut être prise sans son accord ou un avis légal, à moins que la victime soit inconsciente, auquel cas la décision revient aux proches parents, ou sinon à une personne connaissant leur attitude par rapport aux médias. La publicité peut créer ou briser une affaire, et toute décision peut affecter la victime pour le restant de ses jours. Une personne expérimentée doit prendre en charge toute couverture médiatique, y compris dans les médias activistes, même si aucun communiqué n'est émis, afin d'éviter à la victime de devoir répéter indéfiniment son expérience, ce qui la fatigue, la stresse et risque de ne pas la présenter sous son meilleur jour. L'agression doit être reprise dans nos propres lettres d'informations, listes de diffusion électronique et dans Indymedia, afin de constituer un soutien adéquat. Une adresse de contact doit être mentionnée, pour que les gens puissent envoyer des messages de soutien et des dons.

Ayez en tête que la police tentera peut-être d'empêcher les journalistes de joindre la victime, demandant notamment à l'hôpital d'interdire les visites. La présence d'un avocat peut permettre de s'assurer que les personnes voulues soient autorisées à rendre visite à la victime, tout en renvoyant les personnes non désirées. Si la personne blessée veut voir un journaliste, la police n'a pas le droit de l'en empêcher, à moins que la personne soit arrêtée (la police surveille alors le lit d'hôpital). L'hôpital a le devoir de protéger les patients, et plusieurs équipes de télé qui se massent dans une pièce où se trouvent également d'autres patients ne sera probablement pas du goût de l'équipe soignante, ce qui est bien compréhensible. Cependant, la police persuade parfois l'hôpital que la victime est une personne dangereuse qui ne doit en aucun cas parler à la presse, ou bien que la victime doit être protégée des paparazzi, même si la victime elle-même veut que la presse parle de son cas.

Des décisions difficiles doivent être prises quant à savoir s'il faut faire de la sortie de l'hôpital un événement médiatique ou non ; cela peut être une opportunité pour une photo et une chance supplémentaire d'expliquer votre cas.

Quelques pensées en guise de conclusion

Si tout ceci est assez effrayant, souvenez-vous que la violence est tout de même relativement rare, même si les médias grand-public comme les médias alternatifs se concentrent souvent sur ces actes de violence. Nous avons alors tendance à diffuser, voire pire, exagérer les histoires violentes. Ne vous reprochez pas à vous-même leur violence. De même, il est généralement inutile de se comparer aux autres, avec des "procès en pensée" tels que "il/elle est bien pire que moi, alors de quoi puis-je me plaindre ?". Généralement, les symptômes physiques disparaissent, mais le souvenir de ce qui s'est effectivement passé, ainsi que le souvenir d'un soutien adéquat ou non, restent gravés dans la mémoire pour de nombreuses années, et ils peuvent constituer un facteur décisif dans la décision de revenir ou non en première ligne. Lorsque les plaies physiques et/ou émotionnelles ne guérissent pas, une assistance à long terme est nécessaire. Le simple fait de penser que la victime devrait être maintenant guérie ne signifie pas qu'elle le soit effectivement... Et ne supposez pas que les gens viendront automatiquement vous voir ; ils pourront souffrir en silence, et ils apprécieront beaucoup votre aide.

Enfin, traverser des douleurs physiques et émotionnelles peut vous rendre plus fort(e), plus sage et plus compatissant(e). Si vous intentez une action en justice, vous serez peut-être largement dédommagé(e). Sans trop verser dans le mélo, vous pourrez aussi mieux apprécier la vie et votre propre santé...