Pourquoi nous pensons que tout ceci est important...

Le travail sur le traumatisme est partie intégrante de la résistance.

Même les policiers sont informés des conséquences de la violence lors des actions politiques, et ils travaillent souvent avec des structures de type groupes de pairs (peer groups) pour la gérer.

Les pompiers effectuent un débriefing après chaque opération.

Il ne s'agit pas de suivre impérativement l'exemple de la police, il s'agit simplement de dire que ce problème existe et qu'il est pris très au sérieux dans la société. Pourquoi continuons-nous, en tant qu'activistes, à penser que nous pouvons vivre des situations de violences policières graves sans montrer une quelconque réaction émotionnelle ?

Le fait est que nous ne le pouvons pas. De nombreuses personnes laissent tomber, disparaissent, arrêtent toute activité, se sentent exclues, à cause de leur peur ou parce qu'elles souffrent du syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Même après la descente policière d'une extrême violence à l'école Diaz, à Gênes en 2001, aucune structure de soutien émotionnel n'a été mise en place pour les victimes. Nombre de ces victimes souffrirent plus des conséquences émotionnelles que des blessures physiques.

Les expériences traumatiques peuvent entraîner un isolement, des flashbacks, des pleurs incessants, une incapacité à poursuivre sa vie, des pensées suicidaires, une perte de tout intérêt dans la vie, etc. et peuvent mettre longtemps à guérir.

Souvent, nous ne connaissons même pas les symptômes nous permettant de reconnaître ce qui se passe, et nous ne savons pas comment nous aider nous-mêmes ni comment aider nos amis et camarades.

Si nous voulons être efficaces en tant que mouvement, nous devons être capable de nous soutenir mutuellement lorsque nous faisons face à la violence policière. Nous devons être conscients que ce que nous faisons est potentiellement dangereux et peut menacer nos vies. Il ne s'agit pas d'effrayer les gens, bien au contraire, mais nous devons affronter la réalité et gérer nos peurs. Si nous savons que nous serons soutenu(e)s après coup, et si nous sommes conscient(e)s de ce qui peut nous arriver au niveau émotionnel par suite des violences policières, nous pourrons nous sentir plus sûrs, mieux préparés dans nos actions.