Épuisement

Gérer ou prévenir l'épuisement dans le travail d'activiste

par Neil Wollman

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Les conseils ci-dessous se concentrent sur les actions ou les attitudes mentales que vous pouvez adopter pour prévenir ou gérer l'épuisement (dont les symptômes comprennent l'irritabilité, le désespoir/isolement/cynisme, l'absence de plaisir à participer aux activités auparavant appréciées, la difficulté à la prise de décision, incapacité à rester concentré(e), la fatigue et d'autres effets physiques). Plusieurs facteurs sociétaux et organisationnels influencent fortement le fait que l'épuisement puisse se développer ou non, qu'il s'agisse par exemple de crises mondiales, ou encore d'une culture sur le lieu de travail qui empêche de prendre quelques jours de repos après une période de grand stress. Bien que vous vous trouviez peut-être très loin d'une crise mondiale, vous pouvez tout de même essayer de créer un environnement de travail plus propice à une santé mentale positive.

En fonction de la situation et votre condition personnelle, différentes mesures peuvent aider à limiter l'épuisement voire à le prévenir ; choisissez celles qui vous conviennent le mieux :

  • garder des relations saines, amicales et profondes avec les autres activistes, et avoir un groupe de soutien (activistes et non activistes) auquel vous pouvez parler et laisser ressortir vos sentiments
  • vivre au jour le jour, mais réaliser que le travail pour la paix / justice est le travail d'une vie
  • vous considérer plus comme un(e) spécialiste, et utiliser vos talents personnels spécifiques pour mettre en relief vos activités, qui en elles-mêmes sont intéressantes et à votre portée, et que vous accomplissez efficacement ; transformer ces travaux en jeu créatif.
  • limiter vos engagements et obligations, se lancer dans moins de projets / activités, mais les faire mieux - de toute façon, personne ne peut faire tous les projets souhaités ; attribuer des priorités à vos activités et effectuer d'abord les plus importantes, si possible
  • être conscient(e) qu'il n'est pas possible de tout contrôler dans un environnement de travail et de vie - voir certaines situations stressantes comme des défis à relever
  • réaliser qu'il y a des hauts et des bas dans le travail politique, et y répondre de manière appropriée
  • trouver des succès dans la vie en dehors de l'arène politique ; prendre le temps de faire ces choses qui vous requinquent
  • savoir que le fait que vous travailliez sur de tels problèmes sociaux est un signe de santé et de maturité de votre personne ; réaliser que ce que vous faites est juste - quel qu'en soit le résultat - et célébrer les victoires qui arrivent, vous récompensant pour le travail que vous faites
  • prendre conscience et rester informé(e) des effets du travail d'activiste (trouver un équilibre entre l'optimisme souvent injustifié de la droite et le pessimisme de la gauche)
  • se concentrer sur d'où nous venons dans certains mouvements, plutôt qu'uniquement sur où nous aimerions être ; le Movement Action Plan de Bill Moyer souligne le progrès dans les mouvements sociaux, qui n'est pas toujours reconnu dans le cours des changements sociaux
  • réaliser combien les choses seraient pires sans nos efforts - nous devons "influencer" à défaut de "réussir"
  • être conscient(e) du nombre de succès au niveau local, et certains au niveau national, concernant les questions du travail / des femmes / des homosexuels /des droits des Afro-Américains, les problèmes environnementaux, et certaines actions anti-militaristes ; ces succès sont parfois impressionnants, vu les ressources et l'opposition fréquente des médias
  • comprendre que certains succès résultent de "non-événements" plus difficiles à reconnaître - comme par exemple la non-invasion du Nicaragua dans les années 80
  • comprendre notre influence des années après - comme par exemple les effets des efforts anti-guerre sur le président Nixon lors de la guerre du Vietnam
  • prendre de la graine des succès de la droite religieuse de base - si eux arrivent à s'organiser et à avoir autant d'influence, la gauche le peut aussi
  • réaliser que les changements surviennent dans le temps - dans des directions variées - et que ceci est une constante, de nouvelles injustices apparaîtront, et des batailles gagnées à un certain moment devront être à nouveau menées plus tard, les pertes d'aujourd'hui peuvent être inversées demain (c'est pourquoi il est bon de prendre une perspective historique)
  • réaliser que les sentiments de tristesse ou de désespoir à propos de la situation mondiale sont légitimes et doivent être vécus ; mais garder l'espoir en se rappelant activement les succès de votre groupe ou du mouvement, tout en visualisant les scènes positives ou les "héros" politiques enthousiasmants, comme Martin Luther King
  • reconnaître que les pensées négatives sur vous-même et sur votre travail ne sont sûrement pas légitimes
  • cultiver un certain sens de l'humour
  • prendre soin de vous physiquement et se débarrasser du stress par de l'exercice, de la relaxation ou des séances de méditation
  • toujours utile à tout moment : comprendre que les cas les plus avancés d'épuisement potentiel ou avéré peuvent nécessiter la participation à une thérapie, ou à des ateliers sur l'épuisement ou de type "désespoir et reprise de forces".